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« La conservation des sols repose sur tr « La conservation des sols repose sur trois piliers »

Fabien Driat a réduit son travail du sol, allongé sa rotation et introduit une couverture permanente des parcelles.

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L'exploitation de Fabien Driat se situe à Jessains, dans l'Aube, au carrefour du Barrois, aux sols caillouteux, de la plaine de Brienne dont les terres sont alluvionnaires et de la Champagne humide, argileuse. « Dans ce contexte hétérogène, la simplification des systèmes d'exploitation qui s'est opérée dans les années 70 a eu des conséquences désastreuses dans les années 90, explique l'agriculteur. Les rotations courtes et le recours systématique au labour ont entraîné une dégradation des sols et un décrochage des rendements. » Avec son père, Fabien décide donc de repenser sa manière de produire en plaçant le sol au premier plan. « C'est mon premier outil de travail », insiste-t-il. En 2000, les deux agriculteurs réalisent un premier essai de semis direct sous couvert. « Il s'agissait de tournesol sous phacélie. Nous étions dans une parcelle limoneuse. Le but était de protéger le sol de la battance. A la récolte, nous avions un quintal par hectare de plus par rapport à un semis conventionnel », renchérit Fabien. Dès lors, les Driat vont recourir de plus en plus à l'utilisation des couverts et généraliser le non-labour au point de revendre la charrue en 2005.

ALLONGER LES ROTATIONS

Cependant, « dire qu'il suffit d'implanter un couvert quelconque et de ne plus labourer pour que cela fonctionne est faux, affirme Fabien. Pour être efficace, la conservation des sols doit reposer sur trois piliers. » Le premier est bien évidemment la réduction du travail du sol. « Les passages répétés d'outils déstructurent le sol. Les échanges verticaux sont limités et la vie du sol est fortement réduite. De plus, l'enfouissement des résidus expose la surface aux aléas climatiques. Nous avons pu constater qu'une parcelle de l'exploitation non labourée absorbe mieux l'eau qu'une autre labourée, argumente-t-il.

Le second levier sur lequel lui et son père ont joué est celui de la rotation. Ils sont ainsi passés du traditionnel colza-blé-orge d'hiver, qui sélectionne mauvaises herbes et maladies, à une alternance de cultures d'hiver et de printemps aux interactions bénéfiques. La rotation type est la suivante : colza, blé, orge de printemps, tournesol, blé, pois d'hiver ou de printemps, blé.

Le dernier pilier est l'utilisation d'une couverture permanente des sols. Cette technique limite l'impact du climat sur le sol (eau, température). De plus, « l'enracinement des couverts améliore la perméabilité du sol, observe Fabien Driat. Il évite également la propagation des mauvaises herbes et la production de biomasse augmente la fertilité. En effet, un point de matière organique fixe 2 400 unités d'azote. Nous sommes parvenus à augmenter le taux de matière organique d'environ 0,5 point en recourant aux couverts.

RAISONNER À L'ÉCHELLE DE L'EXPLOITATION

« La mise en oeuvre des différents piliers doit être raisonnée en fonction de leurs interactions à l'échelle de l'exploitation, insiste Fabien. Ainsi, nous ne pratiquons pas systématiquement le semis direct sous couvert. Au sein de la rotation, nous adaptons les techniques d'implantation en fonction des caractéristiques de la culture et de son précédent. Maïs, tournesol et colza sont semés en striptill. Cette méthode offre une plus grande sécurité. Elle permet un meilleur contact entre la graine et le sol et un développement optimisé des cultures à pivots. Les blés de colza et de tournesol sont quant à eux implantés en TCS (un passage de herses à paille, de déchaumeur, puis le semis) pour remédier au problème de renouées. Les autres cultures sont semées en direct. »

La composition du couvert est également raisonnée. Il s'agit systématiquement d'une association de plusieurs espèces semée tôt et dense pour obtenir les meilleurs résultats. « Après des essais réalisés en 2006, nous nous sommes rendu compte que les couverts sont plus productifs en mélanges », explique Fabien. Il inclut systématiquement des légumineuses dans son mélange pour l'azote qu'elles apportent au sol. Ses couverts comportent six à neuf espèces choisies en fonction de la culture précédente et de la suivante, combinant plantes à port dressé et plantes couvrantes, mais aussi des espèces précoces et tardives. Aujourd'hui, Fabien Driat est satisfait de la voie qu'il a choisie. « Nous avons amélioré les propriétés de nos sols, qui sont beaucoup moins sensibles à la battance, avance-t-il. Mais les bénéfices ne s'arrêtent pas là. Nous avons réalisé un écodiagnostic de notre exploitation basé sur la récolte 2008. Le bilan apparent montre que le solde en phosphore et potasse reste équilibré, avec respectivement -4 et -5 u/ha. Le bilan azoté, lui, est de + 72 u/ha. De son côté, la consommation de carburant a été réduite de moitié. Elle est actuellement inférieure à 50 l/ha, alors que la moyenne régionale est supérieure à 100 l/ha. Enfin, grâce à l'emploi du binage pour les cultures à interrang, du déchaumage pour le semis de certains blés mais aussi à l'utilisation raisonnée des couverts, nous sommes parvenus à conserver un IFT herbicide équivalent à la moyenne de la région. Dans le même temps, l'IFT hors herbicide a diminué. »

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